[1998 Février - Rencontre de Brian et Alydrina ]

Brian était arrivé à Moscou, il y a deux jours. Il avait eu le temps de se mettre dans le rôle de son personnage. Il n'avait plus sur lui aucun papier susceptible d'être compromettant. Il avait aussi en tête la personne qu'il devait "rencontrer".

Aujourd'hui, c'était l'ouverture de la convention. Il espérait qu'elle serait présente. Normalement, elle n'intervenait que demain. Mais avec de la chance elle serait là.

Brian était bien au chaud dans le hall de l'immeuble. Il regardait la neige à l'extérieur. Il aimait ce temps qui lui rappellait chez lui. Et surtout qui lui faisait oublier l'Irak, son désert, son accident et elle. Brian secoue la tête pour chasser son image. Mais la colère était malgré tout encore là.
*Merde, fout moi la paix.*

Il but lentement son vers d'eau pour se donner une constance. Et c'est aussi une habitude prise lors de son séjour dans le desert. Il en apréciait chaque goutte.

Il ouvre les yeux juste au moment ou elle entre. Brian l'observe sans ce cacher. Il apprécie beaucoup ce qu'il voit. Il la suit du regard tout le temps ou il peut en faisant pivoter son siège.

Un voyage interminable comme elle les déteste. Ponctué de contrôles en tous genres, d'une méfiance réciproque à l'égard de ses accompagnateurs et de son habituel mutisme quand elle veut faire sentir qu'elle n'aime pas ce qui l'entoure.

Ca lui a bien réussi, on l'a laissée en paix les deux-tiers du trajet, pour finir de préparer son intervention à la convention.

Enfin préparer est un bien grand mot même. Elle est prête depuis longtemps. Des mois qu'elle attend cela, ce séminaire sur la façon dont différents domaines scientifiques peuvent s'entraider pour faire avancer des recherches...

L'arrivée à Moscou se fera dans une certaine confusion. L'équipe a pris du retard et se disperse, assurant qu'ils seront là à temps. Chacun pour soi et Dieu pour tous comme dirait sa mère...

*Oublie ça...*

La voiture venue la chercher à la gare centrale la laisse devant le grand immeuble où se tiendra la convention. Un bâtiment gris, à l'architecture tout ce qu'il y a de plus soviétqiue. La neige tombe à gros flocons, épaississant encore une couche bien abondante. Le froid est glacial mais cela ne la dérange pas. Elle monte tranquillement les escaliers et entre d'un pas leste dans l'immeuble. Celui-ci est surveillé assez étroitement d'ailleurs comme elle le constatera à l'entrée quand un vigile blond, sorte d'armoire à glace bodybuildée l'arrêtera pour lui demander ses papiers.

- Alydrina Chulovsky...

Sa voix est neutre, légèrement grave, surtout distante. Pendant qu'il vérifie, elle brosse la neige de son manteau noir du revers de la main. Un vêtement cintré qui marque sa taille. Elle ôte ses gants, son écharpe, laissant voir son visage pâle et ses cheveux roux tirés en arrière.

Quand la vérification se termine, le gardien s'efface pour la laisser entrer. Elle s'avance dans le hall, et jetant un regard circulaire rapide. Mais elle ne veut pas s'éterniser, elle a encore du travail.

*Tiens...*

Elle sent un regard sur elle, comme elle en attire parfois. Elle hésite avant de se tourner légèrement vers cette présence.

*Ce n'est pas courant... Où je n'ai pas l'habitude... ou c'est un invité... enfin ça ne me regarde pas.*

Elle détourne les yeux - des prunelles d'un bleu glacé - pour reprendre son chemin.

*Normalement, je ne devais venir que demain mais bon... j'ai peur de rater quelque chose d'important...*

Brian sourit en la voyant tourner son regard vers lui.
*Cette mission va être des plus agréable. Une très jolie femme à sortir et plus si affinité cela me va parfaitement, surtout si c'est au frais de l'Etat. J'aurai juste aimé que cela sorte de la poche de ces connards de gradé sup.*

Brian lui fait un sourire en coin. Il continue à la suivre sans s'en cacher. Il tente de voir la chambre qui lui sera attribuée.

Brian se rappelle ce qu'il sait de cette femme.
*Alydrina Chulovsky, scientifique brillante, extrêmement douée même, limite un génie. Elle vient de Sibérie, elle entre dans l'armée très jeune. Elle suit une formation de militaire et s'oriente vers la génétique. Depuis 5 ans elle gère un laboratoire qui intéresse particulièrement l'Amérique.*


Brian continue de l'observer. *Je dois trouver le labo, voler son travail et si je détruit tout c'est encore mieux. Je dois me comporter en parfait salaud. C'est parfait.* Une petite pointe de culpabilité tente de se faire un chemin.
*Et la séduire sera très agréable.* L'image d'une femme brune lui vient à l'esprit. Il ferme les yeux pour tenter de la faire partir.*Pas de soucis elle est trop différente. Elle est froide, et sur d'elle. Donc plus de risque d'attachement. C'est génial.*

Brian se lève et va devant le panneau des tables pour le repas du soir. Il repère son nom et celui d'Alydrina. Coïncidence ou manipulation, il se trouve à la table juste à côté.

Dés qu'elle se dirige vers un des ascenseurs, il la suit et attend à côté d'elle tranquillement.

Alydrina note la présence de l'étranger sans y accorder une grande importance désormais. Elle a d'autres choses plus importantes en tête et est décidée à travailler dessus. Cela se voit sur son visage aux traits fins, à l'expression froide. De ce même pas rapide, elle se dirige vers la réception où les clés de sa chambre l'attendent.

Elle croise des têtes plus ou moins connues, des généticiens, comme elles, chercheurs en biologie, archéologues, scientifiques aux multiples casquettes dont elle a lu les articles par le passé... Elle prend le temps d'en saluer un ou deux, parmi ses plus proches confrères avant de se diriger vers les ascenceurs.

* Il faut que je me change...*

S'arrêtant devant les portes métalliques, elle patiente en tapotant discrêtement le revers de sa veste du bout des doigts. Absorbée par ses pensées, elle ne remarque pas que l'étrange individu s'est approché d'elle.

Brian par reflexe évalue les mensurations de la jeune femme. Il en sourit.
*Elle a une capacité de concentration incroyable. Elle donne l'impression de résoudre des équations en ce moment. Qu'est ce qui pousse une femme comme elle à être si froide et concentrée. Elle ne donne vraiment pas l'impression de vivre en faît.*

"Vous en êtes à combien de chiffre après la virgule pour Pi. Moi, j'ai laissé tombé après. "

*Mais qu'est ce qui te prend Brian, elle va te prendre pour un idiot, ce que tu es en se moment.*

Brian passe sa main dans ses cheveux, pour se donner une contenance. Il lui fait un air penaud.

"Désolé ma question est idiote."

Alydrina réfléchit. Si l'organisation n'a pas changé ni pris de retard, elle devrait pouvoir assister à la soirée d'inauguration sans se soucier de quoi que ce soit.

*Je n'ai pas trop l'habitude de ce genre de choses, mais ça devrait aller...*

L'ascenceur fait savoir qu'il arrive par un léger tintement. Mais ce n'est pas ça qui la trouble. Une voix inconnue la tire brutalement de ses pensées. Dans un geste rapide, elle pivote, faisant face à son interlocuteur. Elle reconnait l'étranger, croisé il y a quelques minutes encore.

*...*

Ses yeux bleus le dévisagent longuement, ostensiblement. Difficile de savoir à quoi elle pense, son visage reste fermé à toute expression.

*Il est...bizarre... De toutes façons tous les étrangers sont bizarres... Américain ? ... Bon alors il n'est pas bizarre, lui il est normal.*

Elle a déjà travaillé avec des américains. Le sentiment qu'elle en garde est mitigé ; compétents mais trop sûrs d'eux et arrogants à leurs heures perdues... c'est à dire tout le temps.

Et lui n'a pas l'air différent.

*A question idiote.*

- Je ne m'arrête pas.

Les portes de l'ascenceur s'ouvrent, la scientifique pénètrant à l'intérieur.

- ... La preuve. Je vais vous laisser méditer... et continuer mes propres réflexions.

Elle s'est exprimé avec un calme marqué par la distance qu'elle place à chaque fois qu'elle s'adresse à quelqu'un. De plus elle tient à limiter au maximum ses rapports avec des non-Russes. Question d'habitude.

Brian lui fait un sourire désarmant. Il lui parle toujours en anglais.

"Et moi qui suis venu pour apprendre. Et voila que je loupe mon premier cours, comment réfléchir et faire autre chose en même temps. J'admire.*
Il entre à sa suite dans l'ascenseur suffisamment proche pour être dans son espace mais juste assez éloigné pour qu'elle ne se sente pas vraiment agressée.

"Comme je suis quelqu'un de poli et que je m'impose je vais me présenter. Brian Traivis." Il lui tend la main

"Mademoiselle, je sais que vous êtes Russe et moi américain. L'éducation à la vie dure. Mais tout change, ce colloque montre que la coopération peut exister."

*Il s'impose ? Il s'incruste oui...*

Elle a répondu en anglais. Machinalement. Une petite erreur qu'elle regrette. De fait la suite de ses propos se fera en russe. Disons surprise quand elle voit l'inconnu entrer à sa suite dans l'ascenceur qui se referme presque immédiatement.

* Mais qu'est ce qu'il me veut ?*

Méfiante, elle le dévisage du coin de l'oeil, établissant une distance entre eux. Son regard considère la main tendue avant de la serrer, courtoisement mais sans y mettre de chaleur.

- Alydrina Chulovsky. Je n'ai rien contre l'enseignement, si je décide de le faire. Et oui, les habitudes ont la vie dure.

Cette insistance la laisse un peu mal à l'aise. Elle ajoute.

- Et je ne vois pas ce qui justifie que "vous" et "moi" coopérions Monsieur Traivis. Ni pourquoi vous me suivez.

*Elle est méfiante, tant mieux. Mais fait attention Brian, tu as une mission alors ne la fait pas foirer comme l'autre.* Il continue d'afficher un sourire.

Quand elle glisse sa main dans la sienne, il la serre juste ce qui est nécessaire pour dire bonjour.
*Miss glaçon a du sang chaud dans les veines. Tant mieux, si elle sait tenir les gens à distance, car moi je suis le spécialiste des défonçages de portes, c'est parfait.*

Brian la laisse prendre de la distance.
*J'espère que cette mission ne va pas durer trop longtemps quand même.*

Brian est sincèrement surpris et ne le cache pas quand elle lui demande pourquoi il est aussi insistant.
*Elle s'est regardée dans un miroir ou quoi ?*
Il éclate de rire.
"Pourquoi je vous suit. Mademoiselle Chulovsky, je vous demanderais plus tôt pourquoi un homme ne vous suivrait pas. Sans vouloir vous flatter, vous êtes belle, attirante, et au vu du titre de docteur sur votre badge intelligente. Et en plus disponible." Brian lève la main gauche de Alydrina qui ne porte ni alliance ni bague de fiancaille.

"Et je résiste très mal à ce mélange." *Cela tu peux le dire, je me suis fait bruler par ce mélange, alors pas de soucis de m'y brûler à nouveau. Bienvenu dans la cour des grands Brian (ton cinique)*

Elle n'en croit pas ses oreilles...

D'abord parce qu'il parle russe - plutôt bien. Ensuite.... mais est ce qu'il s'est entendu parler ?

Cela était déjà arrivé. Que des hommes l'approchent, de façon plus ou moins intéressée. Souvent plus que moins. Mais l'armée lui a donné les moyens et la volonté de répondre à ce type de comportement, moyens qu'elle n'avait pas à son adolescence....

*Oublie ça, j'ai dit...*

De fait, bien peu de specimens de la gent masculine pouvaient réellement se vanter d'avoir eu les faveurs de la Russes. Vraiment peu.

La description qu'il fait d'elle pourrait être correcte si elle n'était pas si exagérée, à son sens, Cela la crispe encore un peu.

- N'allez pas trop loin Monsieur Travis. Je pourrais me sentir offensée...

Le ton de sa voix a baissé, sa froideur, en revanche ne fait que monter en même temps que la cabine où ils se trouvent.

*Voila pourquoi je n'aime pas les américains...*

Mais il lui restait encore quelques secondes à passer avec lui avant de rejoindre sa chambre.

* Plus tôt je m'en débarasse, mieux ce sera. Inutile qu'il se berce d'illusions.*

- Je ne suis disponible que pour une chose.

"Je ne dis jamais des choses que je ne pense pas, surtout quand c'est vrai et justifié. Et vu votre réaction je ne vois pas pourquoi je mentirai."

Brian la laisse prendre de la distance.

*Cela ne va pas simple, ils auraient du faire appel à un professionnel de la drague. Moi je fais au feeling et parce que j'en ai envie, pas sur commande. Heureusement qu'elle me plait sinon je n'y mettrais aucune volonté. Et je ne suis même pas sur d'y arriver.*

Il regarde du coin de l'œil à quel l'étage ils en sont.
*Parfait*

Brian comble l'espace entre eux et l'embrasse rapidement sur les lèvres, mais il est prêt à contrer toute défense. Il n'a pas oublié qu'elle a fait l'armée. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.
Brian attend le coup qu'il va se prendre. Mais c'est de bonne guerre.
"Je vais adorer la Russie, et j'aime vos disponibilités." Brian sort tranquillement de l'ascenseur et s'en va vers sa chambre.

Alydrina fronce les sourcils. Elle a rarement eu affaire à quelqu'un d'aussi sûr de lui, hormis certains de ses supérieurs hiérarchiques... Ca a le don de l'agacer.

L'ascenseur s'immobilise enfin.

*Sauvée. Je n'ai plus qu'à partir.*

Oui, plus qu'à partir et se défaire de cet américain présomptueux au possible.... Elle en soupire presque de satisfaction...

Soupir brusquement interrompu quand elle sent les lèvres de Traivis se poser sur les siennes sans prévenir. Sans lui demander son avis...

Ce n'est pas une gifle qui suivra, mais un direct du droit bien placé au visage. Une colère sans nom émane de son regard alors qu'elle recule pour quitter la caibne.

- Ne m'approchez plus !

S'essuyant les lèvres du revers de la main dans un geste rageur, Alydrina rejoint sa chambre dont la porte claque sourdement.

[Fin de l'act 1]

Ponctuelle. Alydrina l'est toujours. Elle aurait pourtant toutes les raisons du monde de ne pas se présenter à ce diner d'inauguration. Mais l'armée lui a enseigné à faire face, même si...

*La pire humiliation qui soit...-*

Pour qui se prenait ce rustre ? Disponible ? Pas pour ce qui croyait en tout cas. Elle était mariée à son travail comme se plaisait à dire certains pour se moquer d'elle.

Et cela lui convenait parfaitement.

Elle s'était arrangée pour prendre l'ascenceur seule. Dans sa chambre, elle avait pris le temps de se calmer de masser sa main douloureuse et de se changer. Un tailleur-pantalon strict, d'un bleu nuit profond.

D'un pas rapide, sans accorder un regard à quiconque, elle traversa le hall empli de monde, jusqu'à la salle de restaurant. La table qui lui avait été attribuée, sur la droite de la salle, n'était occupée que par deux de ses confrères, déjà en pleine discussion. Elle s'y installe sans plus attendre.

*Reste calme et oublie ça...*

Brian passe un de ses costumes à la coupe impeccable.
*Il faudra que je demande à cette foutu agence le nom de leur tailleur.* Dans le miroir qui reflète son image, il voit l'œil au beurre noir.
*Elle m'a pas raté.* Il bouge la tête des deux côtés. *Je peux pas le cacher, tant pis cela fera partis du lot. Je peux qualifier cela en accident du travail ? Cela ne risque rien, je crois.*

Il enfile la veste et se dirige tranquillement vers l'ascenseur. Il est en retard, et le sait parfaitement.
Le repas va commencer par une allocution. En général dans ces cas là, la salle est obscure. Dans l'ascenseur, il repense à la scène au même endroit. *Elle a quand même une sacrée droite.* Brian sourit. * J'aimerais bien faire une séance de combat avec elle, cela serait sportif.* Mais d'autres séances lui viennent à l'esprit avec une autre femme. Son visage se ferme immédiatement. C'est un peu en colère contre lui même qu'il sort de l'ascenseur. Devant la salle, il souffle pour se calmer. Il entre discrètement et attend que la porte se ferme. Il repère assez rapidement sa table et celle de sa proie juste à côté. Il passe entre les tables et s'assoit silencieusement. Il attend tranquillement que les lumières se rallument.

Le discours se fit dans la pénombre, seul l'intervenant état éclairé sur une estrade, accompagné de quelques éminents scientifiques à l'initiative de cette conférence. Alydrina écoute ce qui se dit avec attention, jetant de temps en temps un regard aux alentours.

Quelques fois sa main droite la démange un peu alors elle la frotte machinalement, tout en se crispant au souvenir.

*Quel con...*

Au bout d'une heure environs, le discours prend fin, sous les applaudissements enthousiastes des chercheurs. La jeune femme se lève en même temps que le reste de son équipe et commence à faire le tour de la salle, pour saluer quelques personnes.

*Je n'aime pas trop ce genre de choses mais puisque le travail l'exige...*

Elle se compose un visage plus sympathique, une expression détendue sur ses traits. Malgré la sévérité de sa tenue, de sa coiffure en chignon serré, elle semble plus aimable.

Brian la regarde pendant le repas, elle est attentif a ce que disent les personnes sur l'estrade.
*Quand, elle pense que personne ne la voit, elle laisse deviner ses expressions, elle abat le mur d'indifférence qu'elle se donne.*

La lumière revient, il la voit se lever.
*C'est vraiment une très belle femme, mais j'ai l'impression qu'elle ne vit pas. C'est dommage. Je vais me faire un plaisir de la faire rire. Elle ne doit jamais le faire.*

En voyant des militaires à côtés de Alydrina et dans la salle, Brian se rappelle ou il est et pourquoi il est la.

Il se lève et se met derrière elle. Elle est grande pour une femme mais lui même n'étant pas petit cela le fait rire, pour une fois qu'il n'a pas l'impression d'être un géant.

"Le chignon vous va bien, mais j'aimerai voir l'effet de vos cheveux détachés qui encadre votre visage et sur votre dos nu bien entendu." lui murmure t-il.
Il fait un sourire personne à côté de Alydrina.

Elle discute de tout et de rien, écoute ces conversations qui tournent un peu autour du pot - on aime encore la culture du secret dans ce milieu - et salue ses supérieurs avec toute la rigueur qu'elle sait y mettre. Abordable mais distante, aimable mais froide.

Depuis l'incident de son arrivée, il lui arrive de regarder de temps à autre dans son dos. Elle s'en veut encore d'avoir tant manqué de vigilance.

*Américain stupide.*

Décidant de s'accorder une pause dans ces mondanités, elle se faufile entre les invités pour se diriger à l'écart, récupérant au passage un verre de champagne.

- Encore vous ?

L'arrivée impromptue de Traivis met fin à son début de sérénité. Elle lui accorde un regard froid et un sourire mauvais étira ses lèvres en découvrant le cocard qui ornait le visage de l'individu.

- Le premier round ne vous a donc pas suffi Monsieur Traivis ?

La remarque sur sa coiffure lui fait arquer un sourcil.

*Drôle d'idée...*

- Comment appelle t-on ce que vous faites en ce moment, chez vous ?

Elle plisse les yeux en une expression de concentration avant de recevoir l'illumination et d'enchainer dans un anglais parfait.

- Ah oui... du harcèlement sexuel ...

Amusant comme la prononciation russe met particulièrement l'accent sur le mot "harcèlement".

"Humm, oui et non. Du harcèlement non, enfin pas encore, sexuel complètement." Brian lui fait un grand sourire.

"Je vous l'ai dis, vous avez une combinaison imparable. Si je ne peux vous abordez sans que cela vous stresse, peut être serait il plus facile de faire connaissance dans un lieu ou il y a moins de monde. Et je ne pensais pas à une chambre, enfin pas encore."

Brian lui sourit gentiment.

"Accepteriez vous de venir au restaurant avec moi, je vous laisse le choix du restaurant, je n'en connais pas ici. Et je ne vous aborde plus de la soirée. c'est promis."

*Ce gars est un grand malade....*

Alydrina lève les yeux au ciel avant de vider sa coupe de champagne, lentement. Lorsqu'elle a fini, elle reporte son regard bleu sur Traivis. Une infime pointe d'amusement semble y briller dans cet océan de froideur.

*Il est presque aussi tétu que moi. Ce petit numéro risque de durer longtemps.*

Le projet de la chambre d'hôtel semble la laisser indifférente, mais elle n'en pense pas moins.

*Vous rêvez éveillé mon cher yankee...*

- Un restaurant ?

Elle regarde autour d'elle, laisser planer le doute sur sa réponse. La réception en cours pouvait s'éterniser un moment et il y avait bien un diner de prévu ensuite. Mais les invités n'étaient pas tenus d'y assister. Elle a même donné quartier libre à son équipe personnelle qui l'a accompagnée. Ce n'est pas si souvent qu'ils viennent à Moscou.

*Soit, si cela peut me permettre de me débarasser de lui pour le reste de la conférence et de rentrer au laboratoire en paix...*

- Si ça me permet de ne plus vous voir, alors c'est d'accord. Rendez-vous dans le hall de l'hôtel dans vingt minutes.

Et sans attendre de réponse, elle lui met son verre dans la main et se dirige vers la sortie du restaurant, se faufilant parmi la foule des convives.

Brian s'appui sur le mur à proximité. Il ne quitte pas Alydrina des yeux. Si son visage reste lisse, ses yeux montrent plus. C'est léger mais c'est là, l'énervement, l'exaspération, l'amusement, le calcul.

*oAu moins elle sait que j'existe.*

"Parfait pour moi." Brian se détache du mur. Il prend le verre qu'elle lui donne.
"A votre service Mademoiselle." Il pose le verre sur la table la plus proche. Il va tranquillement l'attendre dans le hall.

[Fin de l'acte 2]

De retour dans sa chambre, Alydrina n'a rien perdu de son expression agacée. Elle se prépare rapidement, avant de récupérer son long manteau noir et une arme de poing qui finira dans son sac à main.

* On ne sait jamais, au cas où il n'aurait toujours pas compris...*

Quoi qu'elle ait dissuadé plusieurs hommes sans y avoir recours, elle a l'étrange sentiment qu'elle doit l'emporter.

A l'heure dite, elle descend dans le hall où elle trouve sans surprise Traivis. Avant de le rejoindre, elle dépose à la réception de l'hôtel un mot à l'attention de son équipe signalant où elle se trouve et quoi faire s'il lui arrive quoi que ce soit.

**BIen, allons y, qu'on en finisse de cette histoire idiote.*

Elle marche ensuite vers Traivis, sans se départir de son expression neutre et froide.

- Je connais un bon restaurant, pas très loin, nous pouvons nous y rendre à pied.

Malgré elle, elle est mal à l'aise, c'est une situation nouvelle et pour le moins hors du commun. Elle devra improviser, une chose qui ne lui arrive pas si souvent.

Brian attendait tranquillement dans le hall de l'hôtel pratiquement au même endroit qu'a l'arrivée de Alydrina. Il lisait un journal américain. Mais du coin de l'œil, il observait l'arrivée de Alydrina.

*Pff, heureusement que j'ai obtenu cela. Je dois forcée le trait, pour ne pas lui dire fou le camp, tu vas te faire avoir ma belle. Mais bon chacun son boulot. J'ai tout de même l'impression d'être un gigolot la.*

Brian fait un sourire ironique.

*Et puis, elle aussi du faire pas mal de dégâts dans le cœur d'homme. De crache aussi spectaculaire que moi peut être pas. Mais elle peut glacer un cœur si elle le souhaite. Je me demande ce qu'il y a dans ce cœur entourer de glace ?*

Brian la voit arriver en passant par l'accueil.

Il se lève à son arrivée, et un léger sourire au lèvre. Il enfile de quoi affronter le froid.

"C'est parfais pour moi, et découvrir Moscou avec un aussi jolie guide c'est agréable."

Ils se dirigent vers la sortie, un portier leur ouvre la porte.

"Nous pouvons y aller a pied, personnellement j'aime le froid, cela me rappelle la maison. Vous venez d'ou ?"

Après la réponse de Alydrina, Brian ne trouble pas ses pensées. Il est présent, il est à la limite de la distance, mais il ne franchit pas la ligne.

Le restaurant est une surprise agréable. Intime, est le premier mot qui lui vient à l'esprit. Brian se laisse guider par le maitre d'hôtel. *Elle me facilite la tache avec ce restaurant.*

Arrivé à la table, le maître d'hôtel présente la chaise à Alydrina, lui même s'installe sur sa chaise.

" Ce restaurant est pour l'instant trés agréable. J'espère que la nourriture sera comme le cadre, ...charmant."

Brian prend la carte qu'on lui présente.

"Vous ne regrettez pas trop la Sibérie ? Pour ce que j'en sais, cette région me plairait. Elle ressemble à ma région natale." Brian regarde la neige dehors.
Il reporte son regard sur Alydrina.
"Que me conseillez vous ?"

La jeune femme se ressaisit en entrant dans la salle de restaurant. Le cadre est joli mais l'intimité qu'il offre la laisse indifférente. En fait, elle vient surtout ici seule, pour avoir une paix relative. Ici, elle pense pouvoir garder ses marques et être comme d'habitude.

Elle s'installe notant qu'il ne pousse pas la galanterie jusqu'à lui tirer la chaise. Tant mieux, cela maintient la distance et évite les sous-entendus dans ce lieu où elle est un peu connue.

D'un geste presque aérien, elle prend la carte tendue et l'ouvre.

- D'où venez vous donc pour dire que la Sibérie ressemble à votre région natale ?

Ses yeux parcourent la carte avec attention. Quand elle les relève, elle saisit ce regard sur la neige mais ne manifeste pas vraiment son étonnement. Tous les étrangers sont surpris par ce phénomène si présent en Russie.

- Essayez la tartare de saumon à la sauce vodka, c'est la spécialité du chef...