[1998 - Mai - Appartement d'Alydrina Chulovsky]

Brian fronce les sourcils quand elle évoque juste une petite semaine de repos.

- Mais comme tu vas travailler ici, tu vas t'éviter le trajet et le travail debout. Et pour le reste je m'occupe de toi pendant cette semaine.

Brian laisse Alydrina se lever et débarrasse la table. Quand il a finit dans la cuisine, il revient au salon pour la trouver sur le canapé, tendue.

- Ou as tu mal Alyesha et ne me dis pas que tu n'as pas mal. Il s'approche d'elle et la regarde dans les yeux.

- Je n'en pense pas moins pour le retour au travail mais j'y mettrais des conditions. Et la première, je t'emmène à ton laboratoire pendant cette semaine.

Il s'assoit sur le canapé à son tour.

- Le programme de ce soir ?

Brian semblait vouloir prendre sa santé en main, ce qui ne cessait d'étonner Alydrina. Et plus il insistait, moins elle se sentait le courage de refuser. La fatigue de la mission associée à cette lutte contre la douleur avaient entamé ses forces.

*Normalement, ça ne se passe pas comme ça... J'aurai repris demain malgré les ordres des médecins. Ca n'aurait pas éé la première fois que je pousse mon corps hors de ses limites...*

La Russe était perplexe. Partagée entre son envie de reprendre ses activités quotidiennes et ce désir de se laisser un peu aller. C'était nouveau et en totale contradiction avec sa façon d'agir.

*Et c'est entièrement de sa fau...*

La voix de Brian la prend par surprise, si bien que quand elle le regarde,la petite lueur d'enfant surprise et sans doute ravie d'avoir reçu un présent inespéré, n'a pas le temps de s'éteindre.

- Je... ah non, c'est rien, ça me tire un peu, c'est tout. Pas de quoi s'inquiéter.

Elle a un petit sourire.

- Hum... et si vous me parliez de vous ? J'accepte de vous héberger mais j'aimerais en savoir un peu plus.

C'est de bonne guerre après tout, puisqu'il en sait déjà pas mal sur son compte... et qu'il en a vu beaucoup aussi. C'est ce qu'elle se dit en se décalant sur le canapé, pour lui faire un peu de place.

Brian répond à l'invitation en s'asseyant sur le canapé juste à côté d'elle à la toucher.

"Moi, il y a rien de particulier. Je suis ...enfin j'étais militaire, Major exactement de l'armée américaine jusqu'à il y a peu de temps. Maintenant, je travaille comme consultant géologue pour une entreprise et je suis affecté en Russie car je parle russe."

Brian s'étend, se met en position demi assise sur le canapé. Il parait décontracté et calme, il a toujours ce sourire au coin des lèvres. Il regarde Alydrina avec une légère lueur de convoitise.

"Je parle Russe car ma grand mère est Russe. Mon grand-père est indien et ma mère d'origine irlandaise. Cela fait un drôle de mélange."

Il fait un pause.

"Vous voulez savoir quoi d'autre ?"

*Aly écoutait, sincèrement curieuse. Elle n'avait pas l'habitude de discuter aussi longtemps, et d'un sujet autre que son travail ou l'armée. La révélation des origines russes de Brian la fit sourire.*

'Une grand mère russe... je commence à comprendre d'où vous vient ce caractère têtu...'

*Elle passa une main légère sur son bras en soupirant. Elle n'avait pas vraiment connu ses grands parents, voir pas du tout.*

'Mais j'ai quand même du mal à croire que vous ayez quitté l'armée à cause du conflit d'autorité,. Je suis persuadée que vous deviez être doué...'

Le sourire de Brian s'accentue mais il prend un aspect assez ironique.

"Doué, naturellement je l'étais, mais cela n'est pas toujours suffisant. Et j'ai commis une erreur. Tu ajoutes à cela que je suis tombé sur des gradés têtes de pioche et suspicieux. Et comme je déteste travailler avec des gens qui ne me font pas confiance, je suis partis au grand soulagement de ma hiérarchie."

*Enfin j'aurai pu partir. Je me demande ce qui me retiens encore de leur envoyer une lettre de démission. Sauf que ce n'est pas si simple, que tu es en mission et que tu n'as plus que cela maintenant. Le reste a foutu le camp.*

Brian ne sourit plus, il a le regard fixe, grave, il est plongé dans ses pensées. Mais le sourire revient rapidement.

" Que voulez vous, je n'arrive pas à ne pas dire ce que je pense. Et je ne sais pas pourquoi mais plus ils ont d'étoiles moins ils aiment qu'on leur dise ce que l'on pense."

Brian tend le bras et lui caresse la joue du bout des doigts.
"Toi je suis sur que tu ne leur dit rien, tu leur fais sentir parfois. Et tu sais te taire quand c'est dans ton intérêt. Mais au fond de toi tu en penses beaucoup. Seulement tu sais bien le garder."

Aly observa Brian. Elle sentait confusément que l'américain avait une relation bien plus conflictuelle avec l'armée qu'il ne voulait l'avouer.

"Hum... disons que les militaires d'ici sont un peu comme les vôtres... mais je crois que les nôtres entretiennent en plus la notion de hiérarchie..."

Alors qu'il posait sa main sur sa joue, elle frémit et recula sur le canapé, grimaçant un peu à cause de ses blessures. Elle était aussi très embarrassée qu'il ait deviné sa façon d'être et d'agir lorsqu'elle travaille, aussi, elle resta silencieuse plusieurs secondes avant de dire.

"Je ne tiens pas à ce qu'on en sache trop, c'est..."

Un bâillement lui échappa, qu'elle dissimula de son mieux.

"C'est tout..."

Brian sourit en la voyant bailler.

"Tu as raison moi, je ne sais pas me taire. Et tu es fatigué eAlyesha, tu devrais aller au lit. Je t'y emmène." Brian passe son bras dans dos et son autre bras sous ses genoux.

"Tu t'accroches !" Et il la soulève pour ne pas qu'elle n'ait pas le temps de faire autre chose. Il affirme sa prise et la plaque contre lui gentiment.

« Tu me dis si je te fais mal » Il se dirige directement vers sa chambre. Du coude il ouvre la porte, sur le seuil, il cherche du regard l’interrupteur. Il allume la lampe et regarde la chambre.

« C’est pas mal. » Il sourit à Alysha et se dirige vers le lit.

« Mademoiselle a un côté du lit qu’elle préfère. »

"Hé, mais je peux marcher !"

Elle proteste et gigote pour retrouver le plancher des vaches, son corps lui rappelant sournoisement qu'elle n'avait pas intérêt à trop l'embêter pour les heures à venir.

"Vous, vous êtes vraiment sans-gène..."

Pestant et remuant, elle dut se laisser emmener vers sa chambre et son lit. La murs, couverts d'une tapisserie vieux rose à motifs floraux, portaient les marques du passage du temps. Immédiatement après la porte, il y avait une grande armoire, ,en face de celle-ci, un grand lit en bois sombre, recouvert d'une couette épaisse et blanche, brodée de petits motifs géométriques. Un petit tapis et un miroir en pied complétaient l'ensemble du mobilier.

"Vous pouvez me poser, je me débrouillerai... s'il vous plait."

Elle tenait à cet espace privé, le seul à peu près rangé de son appartement. Mais vu que la couette n'était même pas défaite, il se pouvait qu'elle n'y ait pas dormi durant les jours qui avaient suivi sa mission...